Bien que les lignes suivantes aient été rédigées pour les Frères des Ecoles Chrétiennes (donc pour des religieux), elles peuvent tout de même donner de bonnes idées pour les écoles catholiques d’aujourd’hui, où le corps enseignant est composé en grande partie de laïcs. Le texte rappelle l’importance des entretiens réguliers et programmés entre le directeur avec ses enseignants. Chez les Frères, il y avait l’habitude de la reddition hebdomadaire ou chaque frère allait voir son directeur pour faire le point de sa situation personnelle et de l’accomplissement de ses devoir.
AVIS SUR LES ENTRETIENS DES FRÈRES DIRECTEURS AVEC LEURS INFÉRIEURS
« Une communauté religieuse n’est pas seulement une association ayant un chef qui commande et des inférieurs qui obéissent ; elle est bien plutôt une famille où, avec l’ordre et l’harmonie des volontés, règnent l’union des coeurs et cette charité vraie qui en fait un séjour de paix, de sainte joie, et dont on peut dire avec le Psalmiste : « Qu’il est doux et suave d’habiter plusieurs frères ensemble. (Ps. 132, 1). » Dans cette famille surnaturelle, le supérieur est le chef, sans doute : il dirige, il est le représentant de la Règle et veille à ce qu’on en garde fidèlement les sages ordonnances ; mais il est aussi l’homme du dévouement, du sacrifice, de la sollicitude paternelle. Et de même, les inférieurs se soumettent docilement aux prescriptions qui leur sont imposées, aux exigences de l’office assigné à leur bonne volonté ; mais leur obéissance est cordiale et affectueuse, et leur respect est plus encore celui d’un fils que d’un simple subordonné.
Ces sentiments réciproques de dévouement paternel d’une part, de confiance filiale de l’autre, ont occasion de se produire à chaque instant du jour dans les mille détails de la vie régulière ; mais c’est, pour l’ordinaire, dans le tête-à-tête du Directeur avec ses inférieurs qu’ils trouvent particulièrement à se manifester. Là surtout le vrai Directeur est accueillant, bon, encourageant ; il conseille, redresse et console. Là aussi l’inférieur fait connaître les difficultés de l’emploi, son plus ou moins de fidélité aux observances, et, s’il le désire, expose librement ses anxiétés et ses inquiétudes, en vue de recevoir les avis qui lui rendront la voie plus aisée, et lui faciliteront les progrès dans les vertus de sa vocation.
Les entretiens particuliers de l’inférieur avec son Directeur maintiennent ainsi l’ordre et l’union dans la communauté, et on peut les considérer à bon droit comme un des soutiens extérieurs, mais efficaces, de la charité et de la discipline religieuse. La pratique de ces entretiens, entendue en ce sens qu’elle oblige le Directeur à s’assurer de l’exactitude de chacun aux devoirs de l’observance, à faire les recommandations utiles, à écouter l’inférieur dans la libre et filiale confidence de ses anxiétés, à lui donner les conseils que son inexpérience réclame, cette pratique, disons-nous, doit être fidèlement maintenue dans notre Institut. Ainsi comprise, elle n’a rien de contraire à l’article 530, § 1° du code de Droit canonique. Si ce canon interdit toute pression directe ou indirecte pour induire un inférieur à faire une ouverture de conscience, il lui laisse toute faculté pour s’ouvrir librement et spontanément à ses Supérieurs, en vue de recevoir de leur prudence, conseil et direction pour progresser dans la perfection. »
Source:
Recueil de différents petits traités à l’usage des Frères des Ecoles Chrétiennes. Paris 1950.
En cliquant ici, tu peux télécharger le texte original en version PDF.